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Sage-femme au Médipôle, vécu et pratique

Dernière mise à jour : 16 janv. 2019


Je me suis rendue à Nouméa pour faire mon dernier stage comme étudiante sage-femme, dans la maternité du Centre Hospitalier Territoriale de Dumbéa. Je vais donc vous raconter comment j'ai vécu mes gardes au Médipôle et quelles sont les particularités de la pratique de sage-femme en Nouvelle-Calédonie.


La maternité se trouve donc au Médipôle de Koutio, dans un centre hospitalier tout neuf construit en 2016. C'est une maternité de type 3, il y a sur place en permanence une équipe multidisciplinaire médicale (sage-femme / gynécologue-obstétricien / anesthésiste / pédiatre) et para-médicale (puéricultrice / auxiliaire de puériculture / aide-soignante).


Il y a environ 2000 naissances par an au Médipôle (et autant dans la clinique privée Ile Nou Magnin). Le service de naissance comprend : 2 salles de consultations d'urgence, 3 salles de pré-travail, 6 salles de naissances, 1 bloc de césarienne et 1 salle de réveil avec 3 sages-femmes de garde de jour comme de nuit. Le service de suites de couches est géré par 2 sages-femmes, 2 infirmières puéricultrices, 2 auxiliaires de puériculture et 2 aides-soignantes avec majoritairement des chambres seules. La sage-femme s'occupe principalement de l'accouchée et les nouveaux-nés sont pris en charge par l'équipe de puériculture. Il y a également l'unité de grossesses pathologiques pour les hospitalisations pendant la grossesse, les consultations de grossesses et la néonatalogie (réanimation et soins intensifs).


Le nombre de cabinets de sage-femme libéral est en augmentation et l'offre de soins pendant la grossesse est donc en train d'évoluer. Sur les iles loyautés, l'île des pins et dans le nord de la grande terre, c'est dans les dispensaires que les femmes se rendent pendant la grossesse. Il y a donc des sages-femmes qui travaillent dans ces dispensaires notamment à Koné dans le nord où les femmes peuvent accoucher quand la grossesse est physiologique. Sur les îles, les dispensaires permettent les consultations et échographies de suivi de grossesse, normalement les femmes viennent sur la grande terre environ 1 mois avant le terme pour accoucher au Médipôle.


 

Qu'est ce qui change dans la pratique de sage-femme ?


Globalement, les prises en charges sont les mêmes qu'en métropole, ce qui change le plus ce sont les patientes que l'on prend en charge. La Nouvelle-Calédonie est multi-culturelle ! La population est un mélange de Kanaks Mélanésiens (natifs), de Wallisiens-Futuniens (originaire de Wallis-et-Futuna), de Caldoches (calédoniens descendants d'Européens) et des métropolitains ou zoreils. Majoritairement, les métropolitains vont accoucher dans la clinique privée de Nouméa.


La première difficulté quand on arrive avec nos yeux de zoreils est de faire la différence entre les ethnies que l'on rencontre ! Lors de ma deuxième garde, un futur papa me demande « Où est la Wallisienne qui était dans la salle d'attente ? » et moi de répondre naïvement « Laquelle ? » et bien autant pour moi il n'y en avait qu'une.. grand moment de solitude !


L'énorme avantage de travailler comme sage-femme en maternité est qu'on est réellement au contact des couples dans des moments intimes et forts en symbolique. C'est donc un endroit idéal pour en apprendre plus sur les coutumes des différentes ethnies. Il suffit souvent d'une simple petite question ou d'une oreille tendue pour entendre de belles histoires. Il y a souvent un vrai dialogue avec les couples curieux de savoir ce qu'une étudiante sage-femme de métropole vient faire chez eux. Souvent, les sages-femmes et les patientes utilisent le tutoiement et les prénoms, ce qui semble un manque de respect en métropole est commun en Calédonie et plutôt une façon de se placer tous au même niveau. Dans la vie de tous les jours, les calédoniens vont également facilement utiliser le tutoiement entre eux mais aussi avec les métropolitains


Si je vous parle des différentes ethnies c'est que leurs coutumes sont souvent assez différentes autour de l'accouchement. Les Wallisiennes, en majorité de confession catholique, sont nombreuses à ne pas souhaiter la péridurale avec parfois une forte pression des femmes de la famille. La présence des mères, grands-mères et tantes est très importante au moment de la naissance et c'est parfois compliqué de suivre la règle d'un seul accompagnant par femme pendant le travail. Les pères sont parfois contraints de rester en salle d'attente pour laisser la place. En suites de couches, il arrive que les femmes wallisiennes, assez dure-au-mal, refuse les antalgiques et également les moyens de contraception proposés à la sortie de la maternité. Les Mélanésiennes (ou Kanaks) vivent souvent en tribu où la notion de famille est assez élargie, les enfants peuvent être élevés et parfois adoptés par les oncles/tantes si ceux ci n'ont pas d'enfants. Comme cette femme venant d'accoucher de son 4e enfant que je trouvais assez détachée de son nouveau né, elle m'a expliqué avoir déjà trois enfants en bonne santé et donc celui là serait adopté par la famille pour les remercier de leur aide apportée tous les jours. Difficile à appréhender pour une métropolitaine comme moi... Les pères ont, contrairement aux wallisiens, une place plus importante pendant l'accouchement et sont nombreux à assister à la naissance. Parfois, leur attitude nonchalante est perturbante mais assez symptomatique du dicton local « casse pas la tête », soit on ne se prend pas la tête donc...


 

Merci aux sages-femmes qui m'ont encadré pendant mon stage, l'accueil a vraiment été très sympathique !


Petite pensée pour Rafaël, Malia, Greyson, Youri, Jenny, Adèle, Evelyne, David, Lenzo, Jacob, Paula, Deyan, Rick, Walena, Jawen, Meyssahn, Christie, Keila, Ester, Samuel et Aylan qui ont crié pour la première fois sous mes yeux entre avril et juin 2018.


Bon voyage et bonnes gardes à mes collègues !

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